Chiffres clés - Mobilité étudiante dans le monde

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La reprise post-pandémie : derniers développements de la mobilité étudiante

Depuis 2021, la mobilité étudiante mondiale a été soumise à des changements significatifs, influencés par divers facteurs tels que la fin de la pandémie de Covid-19, l’évolution des politiques nationales d’immigration, les opportunités académiques et économiques, ainsi que les tensions géopolitiques. Les données de l’Unesco relatives à 2021 constituent un point de référence majeur, mais depuis lors, une série de tendances ont émergé.

Personnage marchand avec un portable et une valise roulante

Progressions marquées des effectifs dans les premiers pays d’accueil

Selon le rapport Open Doors 2023, publication de l’agence étatsunienne IIE, la mobilité étudiante entrante aux États-Unis, premier pays d’accueil, est repartie à la hausse après une année 2020-2021 qui était marquée par une baisse inédite de 15% des inscrits (mobilité diplômante et de court séjour). Ce nombre a augmenté de 4% de 2021 à 2022, puis de 12% entre 2022 et 2023. Parmi les étudiants en mobilité diplômante, ceux inscrits au niveau graduate (master et doctorat) surpassent ceux inscrits en undergraduate (niveau licence). Trois nationalités asiatiques composent les principales origines des étudiants en mobilité entrante : Chinois, Indiens et Sud-Coréens. Tandis que le nombre d’étudiants chinois baisse légèrement par rapport à 2021-2022 (-0,2%), celui des étudiants indiens croît rapidement (+63% des nouveaux entrants en un an). Le rapport met également en évidence des augmentations significatives des contingents du Bangladesh (+28%), de Colombie (+13%), du Ghana (+32%), d’Italie (+10%), du Népal (+28%), du Pakistan (+16%) et d’Espagne (+5%).

Deuxième pays d’accueil au niveau mondial, le Royaume-Uni a semblé être épargné par la crise pandémique, pour ce qui est des effectifs d’étudiants internationaux, à la faveur d’une politique d’immigration qualifiée marquée de succès. Dès 2020-2021, le rapport de la Higher Education Statistics Agency (HESA) indiquait que la cible des 600 000 étudiants internationaux avait été atteinte (605 000), avec une décennie d’avance. En 2021-2022, ce total passait à 680 000, soit une augmentation interannuelle de 12%. La Chine est le principal pays d’origine, composant 22% de la population étudiante internationale au Royaume-Uni en 2022. Si un ralentissement est noté dans les candidatures acceptées depuis la Chine en 2023 (-6 % par rapport à 2022), ces effectifs restent importants4. En effet, 26% des nouveaux arrivants internationaux en première année d’études sont Chinois. À plus forte raison dans l’après-Brexit, l’internationalisation de l’enseignement supérieur britannique est avant tout extra-communautaire : seulement 21% des inscrits internationaux sont originaires de l’Union européenne, contre 79% hors des limites de l’UE. Le Royaume-Uni a misé avec succès sur l’Asie pour développer sa population étudiante internationale, dans le contexte compliqué par le Brexit. Le graduate route visa, permettant de travailler pendant deux ans à la suite de l’obtention d’un diplôme d’enseignement supérieur dans le pays, ainsi que les programmes de master d’un an, ont séduit bon nombre d’étudiants asiatiques, qui y trouvent également des communautés de compatriotes ou de descendants importantes. À présent, la perspective à peine évoquée que ce graduate route visa pourrait être amendé, suscite d’ores et déjà des inquiétudes parmi les institutions d’enseignement supérieur britanniques5.

Troisième pays d’accueil en 2021, selon l’Unesco, l’Australie revendique plus de 780 000 étudiants internationaux en 2023, un nombre en augmentation de 28% par rapport à l’année précédente selon le ministère de l’Éducation6. Les trois premiers pays d’origine de ces étudiants sont la Chine (21%), l’Inde (16%) et le Népal (8%). On observe, comme dans les deux premiers pays d’accueil, une dépendance moins marquée vis-à-vis du contingent chinois qu’avant la pandémie, une évolution souhaitée par le gouvernement7.

En Allemagne, quatrième pays d’accueil mondial, la population des étudiants en mobilité internationale est de 368 000 en 2022-2023, selon Study in Germany, en augmentation de 5% par rapport à l’année précédente, faisant suite à une reprise rapide de la mobilité sur l’intervalle précédent (+8%)8. Les principales origines des étudiants internationaux dans le pays sont l’Inde (12%), la Chine (11%), la Syrie (4%), l’Autriche (4%) et la Turquie (4%). Les perspectives d’emploi dans le pays, combinées à la réputation des formations dispensées à coût très faible, ont constitué des arguments d’appel notables.

La mobilité indienne est-elle en voie de supplanter la mobilIté chinoise ?

Un ralentissement tendanciel des mobilités chinoises semble se dessiner tandis que croît fortement la mobilité indienne. La situation démographique des deux premiers pays d’origine est distincte – la Chine étant d’ores-et-déjà sur la voie du vieillissement – tout comme le taux de scolarisation à l’international dans le niveau supérieur (2% pour la Chine, contre moins de 1% pour l’Inde). 

L’Inde dispose ainsi d’un réservoir plus important depuis lequel partent chaque année des cohortes plus nombreuses d’étudiants internationaux. Certains pays, comme le Canada et l’Allemagne, affirment que l’Inde constitue déjà la première origine des étudiants internationaux inscrits dans le pays.

 

L'inde 1er pays d'origine au Canada et en Allemagne

 Au sortir de la pandémie, la mobilité étudiante chinoise a repris progressivement mais de manière mesurée, les établissements chinois ne promouvant pas encore la mobilité sortante de façon aussi importante qu’auparavant9.

Des mesures d’ajustement annoncées dans plusieurs pays d’accueil

La volonté de développer l’internationalisation de l’enseignement supérieur, portée notamment par les établissements, se heurte parfois à des changements dans les politiques d’accueil de l’immigration. En 2023, plusieurs pays – certains traditionnellement ouverts à l’accueil – se sont dotés de mesures induisant d’éventuelles restrictions des flux de nouveaux arrivants, avec des incidences possibles sur la population étudiante internationale.

Changeant de cap, le Canada, précédemment engagé pour susciter une immigration qualifiée pour combler des besoins spécifiques sur le marché du travail, a décidé, par la voix de son ministre de l’Intérieur, de fixer un plafond aux nouveaux visas pour études délivrés : 364 000 en 2024 (soit 35% de moins qu’en 2023)10. La mesure est vouée à aider le pays à réguler la tension particulière qui existe sur le marché du logement dans de nombreuses villes. Un nouveau plafond sera fixé pour 2025.

Courant 2023, l’Australie a annoncé appliquer une plus grande vigilance sur la délivrance de visas et augmenter leur frais de délivrance, pour désinciter les mobilités dans des formations peu chères et de piètre qualité. Les formations professionalisantes et autres filières débouchant sur un maintien dans le pays après le diplôme sont particulièrement ciblées11.

En 2023, la Norvège et la Finlande ont décidé d’augmenter les frais d’inscriptions des formations du supérieur pour les étudiants extra-européens12. Une mesure similaire en Suède en 2011 avait conduit à une baisse importante de la mobilité étudiante entrante l’année suivante13.

Enfin, un projet de loi aux Pays-Bas vise à introduire un numerus fixus pour les programmes de licence enseignés en anglais et à toujours offrir ces programmes également en néerlandais. Le pays cesserait également de participer à des salons internationaux de promotion des études. 
À l'inverse, l'Allemagne vise à faire doubler la part de diplômés internationaux restant dans le pays14, l’Irlande qui veut augmenter de 10% le nombre d’étudiants étrangers et attirer des doctorants de « haut niveau » d’ici à 203015, et l’Écosse, qui se dote également d’une stratégie ambitieuse d’internationalisation, dont la mise en œuvre reste à détailler16.

De tels changements auront une influence sur la concurrence inter-étatique pour l’accueil des meilleurs étudiants et chercheurs internationaux. Outre ces évolutions, la demande croissante des étudiants pour des mobilités plus écologiques et plus durables et les injonctions faites aux établissements d’enseignement supérieur de s’inscrire dans des trajectoires de transition écologique participeront également à structurer les mobilités de demain.

8 Étudiants en mobilité internationale, dits Bildungsausländer, https://www.studying-in-germany.org/germany-international-student-statistics/
   #:~:text=Germany’s%20total%20student%20population%20is,newest%20edition%20of%20Wissenschaft%20weltoffen

9 Voir Focus Chine, janvier 2024, https://www.campusfrance.org/fr/ressource/chine-4

10 https://www.canada.ca/fr/immigration-refugies-citoyennete/nouvelles/2024/01/le-canada-stabilisera-la-croissance-et-reduira-denviron-360-000-le-nombre-de-permis-detudes-delivres-aux-etudiants-etrangers-pour-2024.html

11 https://theconversation.com/we-are-hurtling-towards-a-million-international-students-in-australia-migration-changes-will-only-slow-this-growth-not-stop-it-219590

12 https://www.keg.com/news/the-impact-of-new-international-tuition-fees-in-norway-and-finland

13 https://www.eaie.org/blog/sweden-tuition-fees.html#:~:text=The%20introduction%20of%20tuition%20fees%20had%20an%20immediate%20impact%20on,year%20after%20fees%20were%20introduced

14 DAAD Position Paper, mars 2023, https://static.daad.de/media/daad_de/pdfs_nicht_barrierefrei/der-daad/daad_2023_perspektive_fachkraefte.pdf

15 Stratégie « Global Citizens 2030 » ; https://msmreporter.com/ireland-unveils-global-citizens-2030-strategy-to-attract-intl-students-researchers/

16 https://www.gov.scot/publications/scotlands-international-education-strategy/pages/5/#:~:text=Published%207%20February%202024&text=Scotland’s%20International%20Education%20Strategy%20sets,staff%20from%20outside%20the%20UK

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