La mobilité étudiante en Afrique subsaharienne

Une population étudiante croissante et mobile

Les prévisions démographiques estiment que l’ensemble de la population devrait doubler d’ici 2050²⁴ : les enjeux de formation prennent donc une ampleur majeure.

Cette forte croissance démographique du nombre d’étudiants, que les établissements des pays ne peuvent pas tous accueillir, explique une mobilité internationale élevée. En 2021, plus de 460 000 étudiants subsahariens étaient inscrits dans une formation diplômante à l’international, soit 13% de plus que cinq ans auparavant. La mobilité subsaharienne semble même avoir résisté à la pandémie, puisqu’elle a augmenté de 8% entre 2020 et 2021.

A contrario, l’Afrique subsaharienne est la zone accueillant le moins d’étudiants mobiles : 140 000 en 2021, en progression de 20% par rapport à 2016. Les principaux pays de destination de la région sont l’Afrique du Sud (34 000), le Sénégal (15 400) et le Cameroun (9 300).

Les étudiants du Nigéria forment le premier contingent d’étudiants d’Afrique subsaharienne en mobilité, avec 84 800 étudiants mobiles en 2021. Ce chiffre est cependant en baisse de 12% depuis 2016, tandis qu’il augmente dans la grande majorité des pays subsahariens. Cela s’explique notamment par la baisse des cours du pétrole sur cette période dont les bénéfices servent à financer des bourses d’études à l’étranger. Au total, les Nigérians représentent 18% des 463 000 étudiants subsahariens mobiles, ils ont donc un fort impact sur le classement des pays de destination, choisissant très majoritairement des pays anglophones (Royaume-Uni, États-Unis, Canada).
En deuxième position, les 30 000 étudiants mobiles provenant du Cameroun, en augmentation de 18% depuis 2016.

Les principaux pays d’origine : le Nigeria en tête

Source : ISU, 2023.

Les Camerounais représentent 7% du total des subsahariens mobiles et se rendent principalement en Allemagne et en France.

Les pays d’origine suivants sont le Ghana et le Zimbabwe, représentant chacun 4% des subsahariens mobiles (respectivement 20 300 et 19 800 étudiants). Le nombre d’étudiants ghanéens mobiles a fortement augmenté (+46% en cinq ans), et a dépassé le nombre d’étudiants zimbabwéens (+11%). Les premiers choisissent essentiellement les États-Unis et le Royaume-Uni, et les seconds l’Afrique du Sud.
Le nombre d’étudiants mobiles de Côte d’Ivoire et du Sénégal est également en forte augmentation : +41% et +40% en cinq ans, avec 18 500 et 17 500 étudiants respectifs, soit un peu moins de 4% des subsahariens mobiles. Les Ivoiriens et Sénégalais ont pour principale destination la France.

La première zone de destination est l’Union européenne, avec 133 000 étudiants subsahariens en 2021, soit plus d’un quart du total (27%). Le nombre d’étudiants subsahariens accueillis dans l’UE a augmenté de 49% en cinq ans, contre 23 % en moyenne. Près d’un étudiant subsaharien sur deux parti en Union européenne a choisi d’étudier en France (48%).

L’Afrique subsaharienne est la deuxième zone d’accueil des étudiants qui en sont originaires : un étudiant sur quatre effectue une mobilité intrazone (25%). Les zones suivantes sont l’Europe hors UE et les Amériques, accueillant chacune 82 000 et 76 000 Subsahariens mobiles. L’augmentation du nombre de Subsahariens en Europe hors UE est forte (+53% en cinq ans), tandis que celle dans les Amériques est plus modérée (+14%). Enfin, l’Afrique du Nord – Moyen-Orient et l’Asie-Océanie, qui attirent peu les étudiants subsahariens (respectivement 9% et 7% du total) enregistrent des baisses du nombre d’étudiants accueillis (-12% et -26% depuis 2016).

La France, 1^re destination des étudiants subsahariens

Depuis de nombreuses années, la France reste de loin la première destination des étudiants subsahariens. Ils étaient 64 000 en 2021²⁵, soit 14 % du nombre total d’étudiants mobiles de la région, et leur nombre a progressé plus fortement que la moyenne sur cinq ans (+39%). 

Les États-Unis et le Royaume-Uni sont leur 2^e et 3^e destination de prédilection avec respectivement 39 000 et 37 200 étudiants subsahariens, représentant chacun entre 8% et 9% de l’ensemble des mobiles. Le Royaume-Uni, qui a développé son attractivité auprès des étudiants subsahariens (+30% en cinq ans) talonne désormais les États-Unis qui sont en perte de vitesse (+5%).

L’Afrique du Sud, qui était autrefois le 2^e pays d’accueil derrière la France n’est plus que 4^e pays d’accueil en 2021. Elle reçoit même moins d’étudiants qu’en 2016 : 29 000, soit une baisse de 20 % en cinq ans. Elle est concurrencée par la Turquie qui accueille 25 400 étudiants (+188% depuis 2016) et le Canada qui en accueille 25 200 (+55%).