L’année 2021 : instantané sur une mobilité à l’arrêt face à la pandémie
Les données de la dernière collecte mondiale réalisée conjointement par l’Unesco, l’OCDE et Eurostat (UOE) portent sur l’année 2021, et ont donc la particularité de présenter une mobilité étudiante mondiale stoppée par la pandémie de Covid-19 : + 0,2% entre 2020 et 2021, avec un total de 6,4 millions d’étudiants mobiles.
Les mesures sanitaires et les restrictions de déplacement ont entravé la mobilité sortante, principalement en provenance d’Asie. La Chine, 1er pays d’origine avec plus d’un million d’étudiants mobiles, enregistre une baisse sans précédent de 6% du nombre d’étudiants partis en mobilité entre 2020 et 2021. L’Inde, 2e pays d’origine avec 500 000 étudiants mobiles, connaît également une baisse de 2% en un an, ainsi que la Corée du Sud (10e, -12%) et le Népal (11e, -10%).
Ces fluctuations ont un impact direct sur plusieurs grands pays d’accueil, en particulier les États-Unis, 1er pays d’accueil avec 830 000 étudiants mobiles en 2021 enregistrant une baisse de 13% par rapport à 2020, et l’Australie, 3e pays d’accueil en baisse de 17% avec 380 000 étudiants mobiles.
D’autres pays d’accueil sont également touchés de manière significative : le Canada (5e, en baisse de 3%), le Japon (9e, -3%), l’Argentine (12e, -3%) ou encore l’Arabie saoudite (19e, -8%). Au global, la mobilité étudiante a baissé en moyenne dans les vingt premiers pays d’accueil (-1 % en un an) et augmenté dans les autres (+3%).
À l’inverse, et de manière plus surprenante, certains grands pays d’accueil ont réussi à attirer davantage d’étudiants internationaux dans cette année singulière : le Royaume-Uni (2e, +9%), la Turquie (8e, +21%) et les Pays-Bas (11e, +9%). La France, 6e pays d’accueil, a su conserver un nombre stable d’étudiants accueillis en mobilité diplômante (+0,2% en un an, comme la progression mondiale moyenne).
Après le Covid, une reprise contrastée par les différentes politiques d’accueil
En complément des données de l’Unesco pour l’année 2021, les premiers pays d’accueil ont publié des données sur des périodes plus récentes confirmant une reprise de leur mobilité entrante après la pandémie. Elles portent la marque de nouvelles évolutions de l’ordre mondial, avec un essor des mobilités des étudiants en provenance d’Inde et un déport des mobilités européennes, allant précédemment vers le Royaume-Uni, vers d’autres destinations.
Les États-Unis, après avoir connu une baisse inédite de 15% des effectifs en 2020-2021, ont observé une augmentation de 4% l’année suivante, suivie d’une hausse supplémentaire de 12% en 2022-2023.
De son côté, le Royaume-Uni annonce un nombre d’étudiants internationaux en hausse de 12% en 2021-2022, tandis que l’Australie revendique une augmentation de 28% en 2023 par rapport à l’année précédente.
Récemment, certains pays sont tentés de modérer les flux de nouveaux arrivants : le Canada a décidé de fixer un plafond de délivrances de nouveaux visas d’études, l’Australie souhaite augmenter les frais de visa étudiant, la Norvège et la Finlande ont augmenté les frais d’inscription pour les étudiants extra-européens, et les Pays-Bas introduisent un numerus fixus pour les programmes de licence enseignés en anglais et exigent que ces programmes soient également offerts en néerlandais.
D’autres pays à l’inverse mettent en place des stratégies ambitieuses d’internationalisation, l’Irlande qui veut augmenter de 10% le nombre d’étudiants étrangers, l’Écosse qui annonce une stratégie pour développer l’internationalisation de ses établissements, l’Allemagne qui souhaiterait continuer d’attirer des talents et surtout voir doubler le nombre de diplômés restant dans le pays mais aussi la France qui réaffirme son objectif d’accueillir 500 000 étudiants internationaux, à l’issue d’une discussion parlementaire qui a toutefois mis en débat la question de l’immigration étudiante.
En France, une progression mesurée de la mobilité
Après une année de reprise rapide de la mobilité vers la France (+8% d’étudiants étrangers en un an entre 2021 et 2022), portée notamment par un rattrapage des mobilités d’échange, la croissance des effectifs se poursuit en 2022-2023 à un rythme plus modéré : +3% sur un an. Cela porte le nombre d’étudiants de nationalité étrangère inscrits en France au cours de cette année universitaire à 412 000. Sur cinq ans, entre 2017 et 2022, la croissance des effectifs accueillis est de 17%.
Dans le détail des étudiants accueillis en France, la mobilité croît à des rythmes contrastés selon les régions d’origine. Les effectifs depuis deux zones d’origine ont crû sur cinq ans plus fortement que la moyenne : l’Europe continentale (+21%) et l’Afrique subsaharienne (+34%). La mobilité depuis l’Afrique du Nord combinée au Moyen-Orient, avec +16%, se situe dans la croissance moyenne. Les effectifs d’Asie et d’Océanie baissent de 3% sur la période, tandis que ceux du continent américain croissent de 12%. Regagner la mobilité asiatique reste ainsi un enjeu d’actualité, comme pour d’autres grands pays d’accueil.
Sans changement sur les trois dernières années, les cinq premières origines des étudiants accueillis en France sont le Maroc, l’Algérie, la Chine, l’Italie et le Sénégal. Les effectifs de certains pays progressent très fortement entre 2017 et 2022 : Liban (8e, +103%), Inde (14e, +64%), Bénin (17e, +78%). C’est le cas également de certaines origines européennes comme l’Italie (4e, +50%), l’Espagne (7e, +48%) et le Portugal (12e, +31%).
Sur cinq ans, seuls 3 pays du top 20 voient leurs effectifs baisser, à savoir la Chine (3e, -15%), le Vietnam (19e, -6%) et la Russie (20e, -2%), tandis que ceux d’Allemagne stagnent (11e, +0%).
Les universités continuent d’accueillir la grande majorité des étudiants de nationalité étrangère (64 %), suivies des écoles de commerce (14%) et des écoles d’ingénieurs (7%). Si les effectifs d’étudiants étrangers progressent dans l’ensemble des types d’établissement, les écoles de commerce connaissent une croissance plus marquée, avec un bond de 80% sur 5 ans. Les écoles d’ingénieurs progressent de 19 % sur la période et les universités, de 8%.
Dans les universités, les effectifs en licence constituent le premier vivier : 52% des étudiants étrangers, suivis par les étudiants en master (40%) et ceux en doctorat (8%). Ces effectifs croissent entre 2017 et 2022 dans les deux premiers niveaux (+16% en licence ; +4% en master) mais baissent de façon marquée au niveau doctoral (-15%).
Le nombre de Français partant étudier à l’étranger est en léger recul en 2021 (-3% en un an), en grande partie en raison de la pandémie, mais demeure en croissance sur cinq ans (+16%), la France restant le 6e pays d’origine avec près de 106 000 étudiants en mobilité diplômante et, pour ce qui concerne la mobilité d’échange, le 1er pays d’origine dans le cadre du programme Erasmus+.
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